L’initiation et le suivi du traitement hormonal d’affirmation de genre en médecine générale
Analyse mixte d’une cohorte de patient·e·s et recommandations pour la pratique clinique
Préambule
Une question qui me revient souvent, parfois même de la part de mes patient·e·s, est de savoir pourquoi j’ai choisi de m’intéresser à la santé des personnes transgenres. Je souhaitais donc profiter de ce préambule pour y répondre.
J’ai commencé à m’investir dans l’associatif LGBTQIA+ en 2012, en faisant la connaissance du CHEN, le Cercle LGBTQIA+ des Étudiant·e·s de Namur. Au fil des mois et des années, mon implication n’a fait que croître et je me suis retrouvé dans les conseils d’administration du CHEN ainsi que des CHEFF, la fédération de cercles dont le CHEN faisait partie. L’objectif de ces associations était de favoriser la socialisation des jeunes LGBTQIA+. Mon rôle en leur sein tournait majoritairement autour de l’accueil et des thématiques liées à la santé. J’ai donc eu l’occasion de rencontrer, d’accueillir, d’écouter et de soutenir un grand nombre de jeunes, de tous genres et de toutes orientations sexuelles. À travers leurs histoires, j’ai pu réaliser l’ampleur des difficultés auxquelles les personnes transgenres étaient confrontées dans le domaine de la santé. La situation était telle que deux de mes connaissances préféraient attendre que je sois diplômé pour commencer leur traitement hormonal avec moi. En 2019, fraîchement assistant, j’ai donc commencé à éplucher toute la littérature scientifique sur le traitement hormonal d’affirmation de genre afin d’être en mesure de répondre à leurs attentes. À cause du COVID-19, je n’ai pu entamer leur suivi qu’en juin 2020. Aujourd’hui, moins de deux ans plus tard, je suis une septantaine de patient·e·s transgenres et j’ai initié une trentaine de traitements hormonaux.
L’approche de ce TFE se veut donc résolument trans-affirmative, c’est-à-dire construite sur une vision non-binaire et non pathologisante des transidentités, et mettant au premier plan l’autodétermination ainsi que l’expertise des personnes transgenres. Pour cette raison, le langage inclusif sera employé dans la totalité du texte. En effet, genrer incorrectement une partie de ma patientèle en utilisant les accords classiques représentait à mes yeux une violence symbolique que je ne souhaitais pas reproduire dans ce texte.